A quand l'état d'urgence sur les insalubrités?

by HPN on Aug 20, 2012 advertisement
Le président de la République, Michel Joseph Martelly vient de décréter l'état d'urgence sur l'énergie électrique.

Depuis lors, des quartiers de Port-au-Prince sont régulièrement alimentés. Cependant, force est de constater ce contraste entre des quartiers enfin illuminés et leur état lamentable par rapport à des tonnes d'ordures qui jonchent un peu partout les artères.

Il est évident pour le plus froid des observateurs que le problème de l'insalubrité auquel est sujette la ville de Port-au-Prince depuis des lustres a dépassé le stade du supportable et risque à tout moment de dégénérer en catastrophe.

Alarmés mais résignés, toutes les couches de la population désespèrent de voir le temps où la métropole en sera débarrassée.

Tout le monde espère voir nos rues, nos marchés et nos places publiques offrir un meilleur spectacle que celui des déchets exposés à ciel ouvert ou débordant des poubelles géantes dans tous les coins et recoins de la capitale.

Face à cette situation dérangeante, des citoyens attendent que le chef de l'État lance un appel à l'état d'urgence sur les insalubrités, comme il l'a fait pour l'énergie électrique.

Opinant sur la question, certaines personnes estiment néanmoins que la gestion des ordures est avant tout une responsabilité individuelle.

« Les ordures constituent un problème majeur dans le pays. J'ai été récemment à Barahona, une province de la République Domicaine à environ 3 heures de temps en voiture de Port-au-Prince, j'ai honte à en pleurer, tellement l'espace est bien entretenu.

Je pense que les instances concernées chargées de nettoyer nos rues ne pourront, en dépit de toute leur bonne volonté, y apporter une solution », déclare Adèle, résident de Bel-Air.

Pénalité, un prétexte possible !

Selon Eliette, tous les citoyens, les petits marchands en particulier doivent prendre conscience que la gestion des ordures dépend d'eux. Pour elle, les marchands demeurent les plus grands responsables de l'accumulation d'ordures dans le pays.

Et notre interlocutrice de suggérer que soient infligées des pénalités financières aux institutions et aux marchands de rues qui fonctionnent dans le voisinage des déchets.

D'après Eliette, personne n'accepterait de payer une amende pour des ordures qu'elle a jetées ou pas ; par conséquent, tout un chacun serait contraint à une gestion responsable de ses déchets.

La proposition qui n'est pas des moindres de notre interlocutrice avisée pourrait, si elle était appliquée, déclencher ce qu'on peut appeler: « la guerre des ordures ».

En ce sens, pour échapper à l'amende, des individus, des institutions publiques ou privées pourraient prendre le malin plaisir de débarrasser les déchets de leur périmètre immédiat pour les déverser à proximité d'une autre institution ou dans un autre quartier.

Et ce serait la cause de conflits entre quartiers, entre institutions ou même entre individu et individu.

Certaines régions, constate-t-on, sont utilisées comme site de décharges publiques au mépris de la protection de l'environnement et de la santé des riverains.

Ce qui fait qu'une bonne partie des réserves d'eau de la zone métropolitaine se trouve menacée par la pollution chimique et organique parce que des gens insouciants agissent sans penser aux autres.

Il y a lieu de se demander si ces personnes auraient continué d'agir avec tant d'insouciance si elles savaient qu'elles seraient pénalisées.

Évidemment, certaines gens seront aptes à questionner sur la capacité et/ou la volonté de l'État central ou, mieux, des autorités municipales à faire respecter cette mesure si elle était prise, et à contenir cette guerre en perspective.

Ce n'est pas qu'on soit sombré dans le pessimiste mais l'application de mesures bonnes, bien pensées peut se révéler un fiasco s'il n'y a pas une volonté manifeste de changer réellement l'image de ce pays.

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